Bonjour, et bienvenue dans Ludonomics, la newsletter sur ce qui fait bouger l’économie mondiale. Je suis Ludovic Subran, chef économiste et CIO de l’assureur Allianz. Je vous donne rendez-vous toutes les semaines dans votre boîte mail. Suivez-moi également sur X.
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Le marché obligataire américain à la veille de l'investiture Trump
À la veille de l'investiture de Donald Trump, le marché obligataire américain présente un tableau contrasté. Les rendements des obligations à 10 ans du Trésor américain ont augmenté de 60 points de base en décembre, avant de se stabiliser cette semaine à 4,62% suite à inflation plus basse que prévu.
Plusieurs éléments ont contribué à la hausse haussière des taux américains :
Les inquiétudes quant aux politiques potentiellement inflationnistes de l'administration Trump.
Les prévisions d'inflation à long terme des consommateurs ont atteint 3,3 %, leur plus haut niveau depuis 2008. Une partie de cette anticipation peut également être attribuée à une hausse de 14 % des prix du pétrole.
Des données économiques positives, notamment une baisse du taux de chômage en janvier.
Des dynamiques techniques de marché, avec une augmentation des positions spéculatives pariant contre la baisse des taux.
La hausse des rendements obligataires ne semble pas refléter une reprise imminente de l'inflation à court terme, mais plutôt témoigner de la confiance des marchés dans l'indépendance de la Fed et sa détermination à contenir les pressions inflationnistes.
Les marchés pourraient cependant sous-estimer l’influence de l’administration Trump sur la Fed. Celle-ci pourrait être poussée à réduire les taux de manière plus agressive ou à limiter les hausses nécessaires à la maitrise l’inflation à court et moyen terme.
Après l’investiture le 20 janvier, nous anticipons une action rapide de l’administration Trump sur l’immigration, des dépenses fédérales, la déréglementation et les subventions à l’industrie.
En revanche, les politiques tarifaires devraient être mises en œuvre de manière plus progressive, afin d’éviter des disruptions majeures dans l’économie américaine, tout en utilisant la hausse des droits de douane comme levier dans les futures négociations commerciales.
Malgré ces incertitudes, il reste raisonnable de maintenir la prévision d'une première baisse des taux de la Fed en 2025, suivie de deux autres en 2026, ramenant ainsi le taux terminal à 3,5 %.
Cette évolution devrait progressivement pousser les rendements à long terme autour de 4 % au cours de l’année, bien que la volatilité liée aux changements au sein de l'administration américaine puisse ajuster ces prévisions.
Partenariat commercial avec InterBev
Des défis environnementaux à l’évolution des habitudes alimentaires, l’élevage bovin se cherche un avenir durable. Dans son article pour le site Agriculture Circulaire, Thierry Pouch explore les adaptations nécessaires pour pérenniser cette filière : répondre aux attentes sociétales, préserver l’autonomie alimentaire et faire face à la concurrence internationale. Côté environnement, l’élevage herbager est une piste clé pour rendre le secteur plus durable. C’est à lire ici.
ICYMI
Royaume-Uni : pas de nouvelle crise Truss
Le Royaume-Uni a connu une hausse significative des rendements obligataires en ce début d'année 2025. Le taux à 10 ans a atteint 4,9%, son plus haut niveau depuis 2008. Une grande partie de cette hausse a été corrigée après les dernières publications d’inflation au Royaume-Uni et aux États-Unis.
Cette croissance des rendements peut s’expliquer par des prévisions d’inflation en hausse à court terme, alimentées par une réduction plus prudente que prévue des taux directeurs de la BoE — deux baisses au lieu des quatre initialement anticipées. Néanmoins, la hausse des rendements à long terme continue de témoigner de la confiance des marchés dans la capacité de la BoE à maîtriser l’inflation.
Il est important de noter que ce phénomène n’évoque pas une « crise Truss » comme en 2022, où les rendements à 10 ans avaient bondi de 100 points de base en trois jours, entraînant une intervention de la BoE pour éviter une crise de liquidité.
Ici, l’augmentation plus modérée des rendements ne menace pas la stabilité du marché. Par ailleurs, cette hausse est en partie due à des facteurs extérieurs comme l’augmentation des rendements américains et des prix du pétrole.
En 2025, la stagflation qui frappe le Royaume-Uni devrait commencer à se dissiper, notamment grâce aux politiques fiscales. L’inflation restera élevée au premier semestre, mais la BoE pourrait amorcer des baisses de taux à partir du mois prochain, avec un objectif de 3,5 % d’ici la fin de l’année. Les rendements des obligations à 10 ans devraient se stabiliser autour de 4 %.
Chine : croissance modérée dans un contexte incertain
L'économie chinoise montre des signes d'amélioration, avec une croissance du PIB estimée à 5,1% en glissement annuel au quatrième trimestre 2024. Cette performance permettrait d'atteindre l'objectif de croissance d'environ 5% fixé pour l'année 2024.
Cependant, la dynamique intérieure reste inégale, avec un ralentissement notable dans certains secteurs clés. On perçoit un ralentissement significatif des ventes au détail, des investissements privés et de la construction. La confiance dans le secteur privé reste faible, et la reprise semble avant tout portée par les politiques de relance mises en place fin septembre.
Le marché boursier a entamé l’année 2025 avec son pire début d’année depuis neuf ans, en raison d’un climat de confiance en berne des investisseurs et de pressions persistantes sur les prix. En seulement neuf jours de trading, les indices onshore et offshore ont chuté respectivement de 5,3 % et 5,6 %.
Nous anticipons une nouvelle année de faible croissance pour la Chine, sous l’effet des pressions déflationnistes qui perdurent. Bien que le gouvernement ait annoncé des politiques de relance à la consommation, le marché immobilier qui représente une part importante du patrimoine des ménages chinois demeure fragile, ce qui pèse sur la demande. En outre, nous prévoyons une inflation modérée de 1 % en 2025, après deux années de faible inflation à 0,1 %.
Merci à Perrine Levin pour son aide dans la préparation de cette édition. On vous retrouve la semaine prochaine.