Ludonomics

La newsletter essentielle pour comprendre les actualités qui font bouger les marchés et l'économie par Ludovic Subran, chef économiste de Allianz.

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Par Ludovic Subran
1 mai · 3 mn à lire
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Quelles perspectives pour le non-coté ?

Zoom sur le private equity et la dette privée. Mais aussi dans cette édition : les taux américains, les effets de la politique monétaire américaine sur les émergents, et le lien entre inflation et résultats d'élection.

Bonjour, et bienvenue dans Ludonomics, la newsletter sur ce qui fait bouger l’économie mondiale. Je suis Ludovic Subran, chef économiste de l’assureur Allianz. Je vous donne rendez-vous toutes les semaines dans votre boîte mail. Suivez-moi également sur X.


Le Briefing

L’inflation et les taux d’intérêt élevés ont un peu refroidi l’engouement autour des marchés privés, i.e. private debt et private equity.

MOUE • L’appétit pour le risque des investisseurs dans le non-coté s’estompe, alors que les retours anticipés sont en baisse.

  • Les actifs sous gestion (AuM) sont en baisse (-13% par rapport à l’année dernière) pour la première fois en une décennie.

Mi-avril, le président de Blackstone Jonathan Gray mettait en garde : les fonds de private equity ne peuvent pas réaliser leurs plus-value du jour au lendemain. 

  • Après deux années marquées par peu d’activité M&A, les fonds de private equity possèdent de nombreux actifs non-vendus. 

  • Ces actifs représentent $3 000 milliards au niveau mondial. Environ 40% (i.e. $1 200 milliards) sont détenus par des fonds depuis plus de 4 ans.  

Cependant, le non-coté reste attractif pour les investisseurs institutionnels en quête de retours plus élevés, une protection contre l’inflation et les variations journalières des marchés côtés.

POLITIQUE MONÉTAIRE • L’assouplissement de la politique monétaire devrait conduire à un regain d’intérêt pour les marchés privés.

  • La baisse des taux viendra booster les valorisations dans le non-coté et donnera plus d’opportunités d’exit de ces investissements via des introductions en bourse.

  • Pour le marché de la dette privée, la baisse des taux améliorera les capacités de remboursement et limitera les risques de défaut.

DATA • La dette privée a connu une hausse spectaculaire ces 5 dernières années, avec +60%  pour atteindre $1,600 milliards.

  • La dette privée est devenue une véritable classe d’actifs alternative en elle-même, là où elle était un instrument de niche destiné aux PME il y a encore une décennie.

  • La dette privée va du financement d’urgence au financement de restructurations d’entreprise mais est désormais également utilisée pour des opérations de M&A.

DÉMOCRATISATION • Le non-côté devient de plus en plus accessible. Le risque que cela pose est que la frontière entre le côté (liquide) et le non-coté (moins liquide) se brouille et réduise le premium associé au non-coté. 


Partenariat commercial avec Peugeot.


Le nouveau E-3008 : un SUV électrique assemblé en France

Avec son nouveau E-3008, Peugeot affiche son ambition sur le marché européen des voitures électriques. Ce SUV portera donc les couleurs de la France avec une marque, un design et un assemblage français : 

  • Le Peugeot E-3008 sera produit exclusivement dans l’usine historique de Sochaux en France.

  • Ses batteries 100% françaises sortiront de la gigafactory ACC située dans le Pas-de-Calais. 

  • Son moteur électrique sera fabriqué et produit par la joint-venture STELLANTIS-NIDEC à Trémery (France), et le réducteur sera fabriqué et produit par Stellantis à Valenciennes (France).

  • Même son système Audio sera made in France puisqu’il sera équipé du Focal® Premium Hi-Fi System.


In Case You Missed It

BONDS • Les taux d’intérêt de long terme ont dépassé 4.6% aux Etats-Unis, alors que la probabilité pour la Fed maintienne ses taux à un niveau élevé augmente.

  • Le patron de la Fed Jérôme Powell a admis la semaine dernière que l’inflation prenait plus de temps que prévu à baisser.

  • La Fed pourrait être contrainte à baisser les taux moins vite que précédemment anticipé par les marchés.

Pour rappel, Jerome Powell avait annoncé en 2022 que l’inflation élevée ne serait en fait pas transitoire, et a suggéré au T3 2023 que l’inflation serait plus élevée pour longtemps.

  • Les craintes d’une reprise de l’inflation (reflation) ont donc nourri deux phénomènes : (i) la vente de bons du trésor de long terme et (ii) l’ancrage de l’idée selon laquelle la Fed ne va pas baisser les taux aussi vite que prévu.

ÉMERGENTS • Un assouplissement retardé de la politique monétaire américaine aura des conséquences sur les marchés émergents.

  • Les chiffres de l’inflation en mars aux USA ont négativement affecté les marchés émergents, avec des sorties de capitaux, des dépréciations des devises ainsi qu’une volatilité accrue sur les marchés financiers.

L’appréciation du dollar américain reflète l’engouement des marchés pour les actifs US, porté par les taux d’intérêt élevés. Cette tendance concerne aussi bien les marchés émergents que l’Europe ou le Japon.

  • Le reflux de capitaux vers les USA est également poussé par l’instabilité géopolitique au Moyen Orient.

Depuis la fin 2023, de nombreuses banques centrales de pays émergents se sont engagées sur la voie de la normalisation, guidées par les chiffres encourageants d’une inflation en baisse. 

INFLATION • Le retour de l’inflation en 2021-2023 a-t-il eu un impact sur le résultat des élections à travers le monde ? Analysons les résultats de 107 élections présidentielles et parlementaires dans 63 pays développés et émergents à travers le monde entre janvier 2021 et avril 2024.

Les pays sont divisés en deux groupes : 

  1. Ceux qui, pendant les 6 mois avant l’élection en question, ont connu un niveau d’inflation en glissement annuel qui a été supérieur par 2 points de pourcentage à celui des 5 années précédentes (dans ce cas précis, considérons qu’il y a eu un réel ‘retour’ de l’inflation qui a pu avoir un effet sur les élections). Ils sont au nombre de 53.

  2. Ceux pour qui cela n’est pas le cas (l’inflation n’a pas augmenté suffisamment pour qu’on puisse penser qu’elle a influencé les élections). Ils sont au nombre de 54.

Les résultats sont les suivants : 

  • Dans les deux groupes, la majorité des pays a vu le parti au pouvoir/président sortant être réélu suite aux élections, ce qui suggère que l’inflation n’a pas eu un rôle déterminant à ce niveau là. 

  • Au mieux, les résultats montrent que l’opposition a eu un léger avantage si l’inflation a été significativement plus élevée juste avant l’élection.

A noter :

  • Plusieurs pays comme les Etats-Unis, l’Argentine, l’Italie, la Slovaquie, la Finlande ou encore la Bulgarie, ont connu un tournant populiste lors d’élections parlementaires/présidentielles se tenant à la suite d’une période de forte poussée inflationniste. 

  • Dans un certain nombre de pays comme la Turquie, l’Egypte, la Serbie, l’Estonie ou encore le Brésil, les gouvernements en place ont été réélus en dépit d'une inflation à deux chiffres au moment des élections. 

  • Il n'y a pas de corrélation positive à long terme entre l'inflation et la part des votes populistes dans l'UE. La part des votes populistes dans le total des votes au sein de l'UE a augmenté régulièrement au cours des 30 dernières années, passant de 12 % en 1993 à 30 % en 2022.


Nos lectures de la semaine

  • Selon un rapport de Rhodium Group, l’UE aurait besoin de droits de douanes de 50% si elle veut limiter les importations de véhicules électriques chinois, rapporte le FT.

  • Dans un article pour le Figaro, Jean-Pierre Robin alerte sur la précarisation et l’ubérisation que l’IA pourrait causer vis-à-vis d’un grand nombre d’emplois.

  • Un rapport co-écrit par Jean Tirole analyse les faiblesses de la R&D en Europe : le continent doit sortir du “piège de la technologie moyenne”.

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