Ludonomics

La newsletter essentielle pour comprendre les actualités qui font bouger les marchés et l'économie par Ludovic Subran, chef économiste de Allianz.

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Par Ludovic Subran
24 avr. · 3 mn à lire
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Quelles perspectives pour l’Amérique latine ?

Mais aussi dans cette édition : les ventes de LVMH à l'étranger dépassent les exporations agricoles françaises, la politique monétaire chinoise, et les élections parlementaires indiennes.

Bonjour, et bienvenue dans Ludonomics, la newsletter sur ce qui fait bouger l’économie mondiale. Je suis Ludovic Subran, chef économiste de l’assureur Allianz. Je vous donne rendez-vous toutes les semaines dans votre boîte mail. Suivez-moi également sur X.


Le Briefing

L’économie de l'Amérique latine s’est montrée résiliente depuis le Covid-19, grâce à des politiques monétaires réactives, un soutien aux prix des produits de base et la confiance des investisseurs. 

BON ÉLÈVE • La pays de zone ont appris des crises passées, avec quelques évolutions notables, notamment : 

  • Réduction de la dépendance aux devises étrangères

  • Meilleure régulation financière 

  • Maintien de l'indépendance des banques centrales

La croissance devrait s’établir à environ +2% en 2024, et d’environ +2.2% en 2025. Au Brésil, la croissance devrait ralentir à +1.7% en 2024 en raison des récoltes moins bonnes que prévues et de la baisse du cours de certaines matières premières. Au Mexique, la croissance devrait atteindre +2% en 2024. 

TRANSITIONS • L’Amérique latine peut avoir un rôle à jouer dans la transition écologique et les grandes mutations en cours du commerce international. 

  • L’Amérique latine est un grand producteur de matières premières critiques, avec un tiers de la production mondiale d’argent, de cuivre et de lithium. 

  • Le triangle du lithium (Bolivie, Argentine, Chili) représente 50% des réserves mondiales de lithium. 

Cela place la région en bonne position pour être un acteur majeur dans la course aux matières premières critiques indispensables à la transition écologique. De plus, le friend shoring — i.e. la (re)localisation des supply chain dans des pays amis / alliés — bénéficie à des pays comme le Mexique. 

  • Le Mexique, et notamment son secteur automobile, apparaît comme l’un des grands gagnants du friend shoring. 

  • En raison des tarifs douaniers américains, même des constructeurs automobiles chinois investissent au Mexique. En 2023, la valeur des pièces automobiles fabriquées par des entreprises chinoises en Chine et exportées en Chine était de $1,1 milliard, soit +52% par rapport à 2021. 

ENJEUX • L’Amérique latine doit gérer ses risques d’ordre politique, social, fiscal, et financier pour capitaliser sur les conditions géopolitiques actuelles. 

  • Les risques politiques sont relativement contenus. Malgré des transitions politiques importantes (notamment en Argentine), les pays de la zone ne connaissent pas d’instabilité politique et sociale majeure. 

  • Les risques climatiques sont un défi pour les perspectives de croissance. Les pays d’Amérique latine pourraient perdre 11% de leur PIB à cause du réchauffement climatique d’ici 2050. Les inondations en Argentine pourraient coûter jusqu’à 2,1% du PIB, les sécheresses au Chili jusqu’à 7,4%, et les vagues de chaleur au Brésil jusqu’à 6% d’ici 2050. 

  • Les risques fiscaux et financiers demeurent à surveiller. Des dérapages fiscaux sont probables au Brésil ou encore en Colombie. L’augmentation des taux des bons du trésor américains provoquent par ailleurs une baisse relative des obligations de la région amérique latine dans les portefeuilles internationaux. 

  • Le risque démographique est enfin un sujet important. Le système de retraites va voir son coût augmenter avec la transition démographique. Le nombre de personnes âgées de +65 ans va augmenter de 63 à 142 millions entre aujourd’hui et 2050. Les +65 ans devraient représenter 20% de la population des pays de la zone. Le ratio d’inactifs sur actifs pourrait atteindre 46% au Chili en 2050. 


Partenariat commercial avec Peugeot.


Le nouveau E-3008 : la vision de l’électrique durable selon Peugeot


Le Peugeot E-3008, marque l’accélération de Peugeot sur le marché de l’électrique avec en ligne de mire l’ambition de devenir un acteur 100% électrique en Europe à horizon 2030. Peugeot met l’accent sur la durabilité avec l’utilisation de matériaux verts et une production localisée en France, alignée avec l’objectif d’atteindre le zéro carbone d’ici 2028. 

Le E-3008 est le premier modèle à bénéficier de la toute nouvelle plateforme STLA Medium de Stellantis. Conçue pour les futurs véhicules électriques du groupe, elle établit une nouvelle référence sur le marché.


In Case You Missed It

LUXE • Les ventes à l’étranger de LVMH ont dépassé les exportations agricoles françaises en 2023. Avec €23.5 milliards de ventes à l’étranger, LVMH représente 4% des exportations françaises, devant l’agriculture (3.2%).

LVMH participe également d’un mouvement observable en Europe comme aux Etats-Unis : le fait que la performance globale des marchés actions (UE comme US) est tirée par des entreprises superstars.

On parle ici des Magnificent Seven aux USA  (Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon, Tesla, Meta, Nvidia) et les Granola en Europe. L’acronyme Granola a été trouvé par Goldman Sachs, qui n’en est pas à son coup d’essai en matière d’acronymes. Il désigne :

  • GSK (Royaume-Uni)

  • Roche (Suisse)

  • ASML (Pays-Bas)

  • Nestlé (Suisse)

  • Novartis (Suisse)

  • Novo Nordisk (Danemark)

  • L’Oréal (France)

  • LVMH (France)

  • Astrazeneca (Allemagne)

  • SAP (Allemagne)

  • Sanofi (France)

PBoC • Les données américaines récentes rendent moins probable un relâchement de la politique monétaire par la Réserve fédérale américaine (Fed). En conséquence, la majorité des devises internationales se déprécient face au dollar. Le won coréen et la roupie indonésienne ont par exemple connu une dépréciation de 2.7% et 2.4% face au greenback.

A l’inverse de cette tendance, le yuan chinois se maintient face au dollar, avec une dépréciation contrôlée – de l’ordre de -0.1% face au dollar. La PBoC entend bien contrôler la pression exercée sur le yuan.

La politique monétaire chinoise diverge par rapport au reste du monde depuis la fin 2021.

  • La PBoC a baissé les taux d’intérêt de 40 points de base (0.4%), là où la Fed les a augmentés de 525 points de base (5.25%).

  • Conséquence : la différence (spread) entre le taux des bons du trésor américains et chinois est passé dans le négatif en 2022, une première depuis douze ans.

INDE • Les élections parlementaires indiennes ont lieu du 19 avril au 1er juin, avec des résultats officiels attendus pour le 4 juin. Selon toute vraisemblance, Narendra Modi sera reconduit pour un troisième mandat de cinq ans à la tête du Bharatiya Janata Party (BJP) et de se coalition nationale-démocratique (NDA).

L’Inde est le leader des pays en développement en termes d’attractivité pour les investissements directs à l’étrangers (IDE). L’Inde domine le classement, avec plus de 1 000 projets d’investissements en Inde pour un montant de $78 milliards (2.3% du PIB).

Côté commerce, l’Inde demeure l’une des économies émergentes les plus protectionnistes, avec des tarifs douaniers deux fois supérieurs à la moyenne des pays en développement.

Le gouvernement entend faire augmenter la part de l’industrie dans le PIB de 13% en 2022 à 25% en 2025, un chiffre plus en ligne avec la Chine (28%) ou le Vietnam (25%). Les secteurs prioritaires pour atteindre cet objectif sont l’électronique, les véhicules électriques, l’IT, les énergies renouvelables et le secteur pharmaceutique.

L’économie indienne devrait croître de 6.4% en 2024 et 6.5% en 2025, après une croissance estimée à 7.7% en 2023. L’Inde devrait devenir la troisième économie mondiale d’ici 2030, avec une croissance annuelle moyenne supérieure à 6.5% entre 2026 et 2030. 


Nos lectures de la semaine

  • Ce thread X intéressant de Daniel Kral montre que pour certains pays du Sud de l’Europe (Grèce, Portugal, Chypre), la réduction de leur dette rapportée au PIB est à créditer à leurs bonnes performances économiques plus qu’à une inflation en hausse. 

  • Pour le Financial Times, Martin Sandbu livre son analyse sur la relation Allemagne-Chine après le voyage du Chancelier allemand en Chine. 

  • Ce thread de Javier Blas sur le trilemme sanctions-prix du pétrole pour les Etats-Unis.