Fed : taux inchangés, remaniement au sommet

Ludonomics
3 min ⋅ 28/07/2025

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Fed : taux inchangés, remaniement au sein du comité.

Dans un contexte de tensions persistantes sur les prix et d'incertitudes quant à l'impact des droits de douane sur l'inflation, le FOMC (Federal Open Market Committee) de la Feddevrait maintenir ses taux d'intérêt inchangés la semaine prochaine (à 4,25% à 4,5%).

  • La consommation des ménages reste faible, les dépenses de consommation personnelles réelles étant stables depuis fin 2024.

  • L’inflation moyenne a également repris pour s'établir à +3,2%, indiquant la persistance de pressions sous-jacentes sur les prix.

  • Tant que l'économie restera résiliente et que l'effet des droits de douane sur l'inflation ne sera pas clair, nous pensons que le FOMC restera prudent.

Pour l'instant, les entreprises américaines ont absorbé l'impact sur leurs marges grâce à des bénéfices solides jusqu'à présent, tout en épuisant leurs stocks constitués avant l'entrée en vigueur des droits de douane.

  • Pour l’instant, l'effet des fortes hausses tarifaires sur les prix est peu visible dans les données macroéconomiques. Néanmoins, les prix des biens augmentent plus rapidement que l'année dernière, avec une hausse en glissement annuel qui s'est accélérée à +0,6% en juin.

  • Une enquête de KPMG menée auprès de 300 grandes entreprises américaines a révélé que 58 % d'entre elles ont déclaré qu’elles absorbent les droits de douane dans leurs marges brutes plutôt que d'augmenter leurs prix.

  • L’indice PMI (indicateur composite de l'activité manufacturière d'un pays) indique que les prix à la production augmentent de plus en plus et qu'ils se répercuteront bientôt sur les prix pour le consommateur.

Les colombes auront le vent en poupe au sein du FOMC en 2026 avec l'arrivée de nouveaux membres.

  • Les pressions politiques exercées sur la Fed pour qu'elle abaisse ses taux d'intérêt et les critiques à l'encontre de son président Jerome Powell restent fortes.

  • Des divergences d'opinion au sein du FOMC sur la politique des taux d'intérêt pourraient émerger, influencées par la nomination de nouveaux membres (remplacement de Kugler et Powell en 2026).

  • En mai 2026, si Jerome Powell choisit de rester, l'administration Trump pourrait tenter de le destituer légalement. Toutefois, si Powell démissionne, le président Trump aura la possibilité de nommer un deuxième membre du conseil d'administration pour le remplacer.

Il est probable que le FOMC restera prudent jusqu'à la fin de l'année, la première baisse des taux étant attendue en décembre.

  • Avec la nomination de nouveaux membres du FOMC en 2026, il faut s'attendre à une pression croissante sur la Fed pour qu'elle abaisse ses taux d'intérêt.

  • Cependant, les gouverneurs régionaux de la Fed viendront renforcer le camp des faucons (catégorisation monétaire), rendant la communication sur la politique monétaire de plus en plus floue et susceptible d'accroître la volatilité des actifs américains.

ICYMI

Des prix modérés, des couvertures solides : lire entre les lignes du marché.

Les marchés boursiers se dirigent vers un scénario d’ « atterrissage en douceur » pour l'économie américaine.

  • Bien au-dessus de la moyenne des précédents épisodes d'atterrissage en douceur, le S&P 500 dépasse actuellement les atterrissages des années 1990 et du début des années 2000.

  • Mais les cours de l'or font écho aux atterrissages brutaux stagflationnistes des années 1970, signalant des risques systémiques et une incertitude économique.

Le marché obligataire envoie des signaux ambigus.

  • Les rendements des bons du Trésor américain à 10 ans ont oscillé entre les moyennes historiques correspondant à un atterrissage en douceur et à un atterrissage brutal.

  • Ainsi, si le niveau de la courbe des taux américains n'offre guère d'indications.

Les cours de l'or envoient un signal pessimiste, faisant écho à la stagflation et au ralentissement brutal des années 1970.

  • Le cours de l'or est en phase de ralentissement, reflétant les risques économiques et les craintes inflationnistes dans un contexte de déficit budgétaire élevé.

  • Après le gel des réserves russes par les pays occidentaux, plusieurs banques centrales ont commencé à diversifier leurs réserves en s'éloignant des titres traditionnels pour investir dans l'or, un actif sécurisé.

  • Contrairement aux ralentissements des années 1970, la hausse actuelle du prix de l'or pourraient être influencée par des facteurs géopolitiques.

La coexistence de scénarios de ralentissement brutal et progressif souligne la forte incertitude qui caractérise le cycle actuel, renforçant ainsi notre position prudente et peu encline au risque.

  • Pour l'instant, la dynamique des actions américaines reste la force dominante. Cependant, cette dynamique est plus fragile qu'il n'y paraît.

  • L'or et certains segments du marché obligataire rappellent que les risques sous-jacents d'un ralentissement brutal n'ont pas disparu.

Nous réitérons donc notre opinion prudente et averse au risque, avec un potentiel de hausse limité pour les actions.


Merci à Augustin Bonah pour son aide dans la préparation de cette édition. On vous retrouve la semaine prochaine

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Par Ludovic Subran