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Au cours des deux dernières semaines, les États-Unis ont conclu un accord avec le Vietnam, envoyé des lettres tarifaires à 23 pays et prolongé le délai de mise en œuvre des droits de douane du « Libération Day » du 9 juillet au 1er août.
Si aucun autre accord n'est conclu d'ici le 1er aout, le taux global des droits de douane à l’importation aux États-Unis passera de 13 % en juin à 18 % (il est passé de 13% à 16% pour le moment).
Même si les hausses de tarifs douaniers sont partiellement annulées d'ici la fin de l'année, les baisses d'exportations mondiales cette année pourraient s'élever à $ 337 milliards ’(soit 0,3 % du PIB).
La Chine avec 110 milliards d’USD, l’UE avec $ 49 milliards et le Canada avec $ 41 milliards auraient été les plus touchés. Les négociations restent lancées.
L'UE cherche à conclure un accord avec les États-Unis afin de fixer temporairement les droits de douane réciproques à 10 % pendant que les négociations commerciales se poursuivent. Un accord de libre-échange global semblant peu probable à court terme.
En l’absence d’accord, la hausse de 20 % des droits de douane américains prévue en août pourrait entraîner une baisse de 8 % des exportations de l’UE vers les États-Unis, soit une baisse d’environ $ 49 milliards— voire $ 85 milliards en cas de relèvement de 50 %.
L’Allemagne serait le plus grand perdant avec un déficit de $ 12 milliards.
Entre 43 000 et 215 000 emplois pourraient être menacés, notamment en Irlande, en Slovaquie, en Hongrie et en Allemagne.
En contrepartie, l'UE pourrait imposer des droits de douane de rétorsion sur les importations américaines à hauteur de € 20 milliards et accélérer la diversification des échanges avec le Mercosur, l'Inde et l'ANASE.
Toutefois, si un accord avec les États-Unis échoue, l'UE disposerait encore de plusieurs options stratégiques. Le levier le plus puissant de l'UE serait une intégration plus poussée du marché lui-même : Une augmentation de 0,9 % des échanges de biens et de services entre les pays de l'UE compenserait les pertes d'exportations dues à une augmentation de 20 points de pourcentage des droits de douane américains.
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Les flux récents sur les marchés des capitaux confirment que les investisseurs ont réduit leur appétit pour le dollar américain, mais il n'y a pas de signe d'une sortie massive.
Depuis l'élection du président Trump, les devises mondiales ont été confrontées à diverses craintes : un éventuel accord de Mar-a-Logo (la volonté de corriger le déficit commercial des États-Unis) comprenant une taxe sur les plus-values, une reflation due à des droits de douane extrêmes, la menace qui pèse sur l'indépendance de la Fed et de nouvelles inquiétudes quant à la viabilité de la dette.
Malgré l'incertitude politique, les achats nets de titres américains par les investisseurs étrangers sont restés stables au cours des quatre premiers mois de 2024.
Dans le même temps, les flux vers les ETF (Exchange Traded Funds) confirment également l'appétit continu des investisseurs pour le marché américain.
Les ETF mondiaux investissant dans des actifs américains sont à 49%, légèrement inférieurs à la moyenne de 56% pour 2023/24.
Tant que les investisseurs continueront à acheter des actifs américains et que l'économie restera solide, il est peu probable que le dollar vacille.
Pour l'avenir, nous maintenons notre prévision de base pour l'EUR/USD à 1,15, les risques étant orientés à la hausse.
Dans ce scénario central, aucune des trois préoccupations majeures des baissiers du dollar - fuite des capitaux étrangers, inflation soutenue ou problèmes de viabilité de la dette - ne se matérialise.
L'évolution du taux de change EUR/USD vers 1,30-1,40 (+10-20% par rapport aux niveaux actuels) reste un risque de baisse peu probable.
L'OBBB (One Big Beautiful Bill) introduit des changements fiscaux significatifs, en concentrant sur 2026 $ 150 milliards de baisses d’impôts, $ 137 milliards de réductions de dépenses et $ 97 milliards d'augmentations de dépenses.
Il en résultera un modeste allègement budgétaire net de $ 110 milliards, soit 0,4 % du PIB en 2026, le déficit budgétaire devant atteindre 7,6 % du PIB en 2026 contre 7,1% en 2025, et près de 8 % par la suite si la croissance du PIB n'atteint pas 2,3 %.
Les effets distributifs de l'OBBB sont mitigés : les ménages à faible revenu sont confrontés à des réductions des prestations Medicaid et SNAP (Supplemental Nutrition Assistance Program), tandis que les ménages à revenu élevé bénéficient de modifications fiscales.
Il en ressort que les ménages à faible revenu pourraient subir une baisse nette de 2,5 % de leur revenu nominal, alors que l’impact serait positif (de 1,4% à 2,4%) pour les ménages à revenu élevé.
Étant donné que les ménages à revenu élevé ont une propension marginale à consommer plus faible, nous ne prévoyons qu'une augmentation modeste de la consommation globale de 0,3 %.
Les services téléphoniques (+1,2 %) et les biens et services médicaux (+1,0 %) devraient bénéficier le plus de l'augmentation potentielle des dépenses des groupes à revenus élevés.
L'OBBB fera de nombreux gagnants potentiels, mais aussi de lourdes pertes parmi les industries américaines. L'épargne supplémentaire déployée dans les marchés de capitaux devrait être positive pour les marchés financiers, en particulier les actifs à risque.
Les impacts sectoriels varient : le commerce de détail non alimentaire, la construction, l'aérospatiale et la défense devraient en bénéficier, tandis que les énergies renouvelables sont confrontées à des défis en raison de l'abrogation des crédits pour l'énergie propre.
Le président Trump a menacé d'imposer des droits de douane de 30 % sur les importations en provenance de l'Union européenne et du Mexique à partir du 1er août, aggravant les tensions commerciales après l'échec des négociations.
Les deux partenaires commerciaux ont critiqué cette décision mais ont exprimé leur volonté de poursuivre les négociations, le Mexique mettant l'accent sur sa souveraineté.
Trump a également envoyé des avertissements tarifaires similaires à 23 autres pays, signalant un retour à sa stratégie commerciale agressive avec des droits de douane potentiels allant jusqu'à 50 %.
L'Union européenne a averti que le commerce avec les États-Unis pourrait s'effondrer si le président Trump appliquait des droits de douane de 30 % sur les produits de l'UE à partir du 1er août.
Le commissaire européen au Commerce et à la Sécurité économique, Maroš Šefčovič, a déclaré que de tels droits de douane rendraient le commerce normal « presque impossible » et a exhorté à une solution négociée. Alors que Trump s'est dit ouvert aux pourparlers, l'UE prépare des contre-mesures sur jusqu'à 84 milliards de dollars d'importations américaines si aucun accord n'est conclu.
Merci à Augustin Bonah pour son aide dans la préparation de cette édition. On vous retrouve la semaine prochaine